24 heures de la vie sous l'Occupation by Guillaume Pollack

24 heures de la vie sous l'Occupation by Guillaume Pollack

Auteur:Guillaume Pollack [Pollack, Guillaume]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Humensis
Publié: 2024-07-31T06:10:56+00:00


Le règne du rutabaga

En février 1941, les rations de viande et de beurre sont réduites drastiquement sur ordre des autorités militaires allemandes. La pomme de terre disparaît des tables, tout comme le chocolat et le café. Pour fêter le retour de Fernand Vanaerde a son domicile, son épouse déploie des trésors d’ingéniosité pour s’en procurer. Le rutabaga, à l’inverse, fait une entrée en force dans la consommation des ménages. Cette plante, cultivée de longue date en Europe du Nord, supporte des températures basses et se trouve donc particulièrement bien adaptée à des hivers rigoureux. Elle est toutefois d’un très faible apport calorique. On trouve également des ersatz issus du fameux système D, comme le café fabriqué à base de pois chiche, de glands grillés, ou encore la chicorée.

Symboles de ces restrictions, les tickets de rationnement font leur apparition dans le quotidien des Françaises et des Français. Avec ces tickets, Céleste Vanaerde bénéficie de 300 grammes de pains par jour, de 250 grammes de viande par semaine, de 100 grammes d’huile par mois. En comparaison, un adulte à Paris peut se procurer 275 grammes de pain par jour, 350 grammes de viande, 100 grammes de matières grasses et 70 grammes de fromage par semaine, 500 grammes de sucre, 200 grammes de riz et 250 grammes de pâtes par mois3.

Quel que soit le lieu en territoire occupé, les rations se situent à moins de 2 000 calories par jour (entre 1 200 et 1 800). C’est trop peu pour une ration d’adulte, et cela se traduit par un amaigrissement général de la population. Du côté des enfants, on note d’importants retards de croissance et d’entrée dans la puberté, qui peuvent aller jusqu’à deux à trois années pour les garçons, et des cas de rachitisme. Les femmes connaissent un retard ou une absence de menstruations et des fausses couches. La mortalité infantile augmente. Ces insuffisances alimentaires et l’absence de moyens dans les hôpitaux favorisent le développement de maladies plus ou moins graves et plus ou moins chroniques, comme la tuberculose, le botulisme, voire la syphilis.

Dans le cas d’une famille nombreuse, où la mère ne travaille pas, les dépenses alimentaires de base grèvent le budget familial et dépassent le revenu mensuel généré par l’emploi du mari, à la condition que celui-ci ait effectivement un emploi. Ces privations ne touchent toutefois pas la famille Vanaerde de la même façon qu’une famille pauvre, pourvue d’un logement moins confortable que celui du 27, boulevard Gambetta. Céleste Vanaerde reconnaît que la famille arrive à vivre, sans connaître de trop grands problèmes financiers4. Si la situation de la famille se maintient, c’est avant tout parce que Fernand Vanaerde n’est pas le seul à travailler.

À la fin de son baccalauréat, Gisèle Vanaerde a en effet trouvé un emploi d’institutrice grâce à une démarche de sa mère auprès d’un adjoint au maire de Tourcoing. Celui-ci accepte de l’aider, alors même, comme il le lui fait remarquer, que sa fille a effectué sa scolarité au sein de l’enseignement catholique et non de l’école publique.



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